Revue de presse du lundi 31 janvier 2022
Dernière modification : 24 juin 2024
Comme chaque lundi, une rétrospective de ce que nous avons lu, écouté ou vu en rapport (plus ou moins) avec l’agilité radicale.
Jouer avec son temps
Nous avons certainement en commun des souvenirs de parties de Monopoly, La Bonne Paye, Richesses du Monde, Petropolis ou Boursicocotte pour les plus jeunes. Avant l’an 2000 (et aussi encore après) la performance monétaire et concurrentielle était mainstream. Il fallait gagner de jolis billets multicolores pour éviter l’hypothèque ou la faillite provoquée par ses adversaires et une certaine part d’incertitude.
Ensuite sont arrivés les jeux coopératifs.
Depuis quelques mois deux autres formes de jeux de société sont plébiscitées : Les Escape Games et aussi les fresques.
Les fresques sont des ateliers ludiques et collaboratifs orientés “éthique” et à base de cartes pour faire court. Le succès de “La fresque du climat” a permis à de nombreuses fresques amies de lui emboiter le pas: “Fresque numérique” (que nous affectionnons en lien avec le développement logiciel), “Fresque des déchets”, “Fresque de la diversité”, “Fresque des nouveaux récits”,… à chaque grande cause, sa fresque.
Ces jeux de société ont une mission et une mécanique bien différente des anciens, mais n’en partagent pas moins quelques caractéristiques : ils couvrent un même besoin fondamental, ils rassemblent, ils créent du lien autour de quelque chose qui fait sens. Cela est généralement une motivation commune, un objectif partagé dans le jeu et dans la vie, que chacun voudrait bien réussir sans trop savoir comment.
Aussi, nous nous trouvons nombreux à participer et même animer toutes sortes de “fresques” à titre bénévole ou pas.
Ce succès grandissant en nombre de participants (Vanity Metrics), il est normal de s’interroger sur les impacts réels, ainsi que sur l’alignement éthique du “business model” pour éviter de retomber trop vite dans la catégorie des jeux à mission économique :
Fresque du climat, le jeu qui plait au CAC 40
Jeux agiles à l’école
Même si nous n’avons pas encore cherché d’étude sur la signification sociologique de l’engouement pour ces jeux, il y a fort à parier que les jeux de société répondent aux préoccupations du temps. Notre intuition et appétence d’agilistes pour le jeu, penche pour notre besoin d’apprendre à résoudre des défis qui nous dépassent à titre individuel, de l’état actuel du monde.
Le jeu social est un temps propice à la prise de conscience collective, au réconfort d’un collectif, au soutien et à l’entraide pour expérimenter autre chose, en citoyen apprenant et responsable.
En préparation de la journée annuelle de l’Agilité par le jeu à l’école IPI (que l’Agile Toulouse, et surtout Cyrille organise tous les ans), voici quelques jeux proposés. À vous de trouver votre intrus :
- Agile Advocate
- Mastermind agile
- Coding dojo
- Multitasking Myth-Buster
- Birdie-Birdie
Agile Radical sera bien sûr de la partie ce mercredi 2 Février.
GreenIT
Tristan Nitot est une figure du numérique en France. Il est devenu un influenceur majeur sur ses impacts sur le climat.
Son podcast s’appelle l’Octet Vert, il donne des interviews dans son style sympa. Son accroche, c’est :
climat, numérique et bonne humeur !
Et c’est vraiment ça, écoutez par exemple le dernier podcast S2E07.
Ecologie et ordre social
Bruno Latour était l’invité de l’émission “C’est ce soir” du 26/01/2022
Son dernier ouvrage parle d’ordre social et de classes dans notre monde actuel.
Quelques idées —raccourcies— à découvrir : les socialismes ont mis 100 ans à partir du Capital de Marx à organiser les classes sociales autour du concept de travail. Le changement de paradigme qui est posé aujourd’hui est de passer de “le progrès par la productivité” à “la convivance pour l’habitabilité de la Terre”.
Cela suppose de repenser les classes, de distinguer les amis des ennemis, en ayant conscience d’avoir en soi une part des deux.
Convivance
Convivance justement, un mot pour dire —en plus beau— le vivre ensemble.
Alain Caillé, dont le livre sur le don nous avait beaucoup inspiré, nous en avions fait un mini-livre Agilité et don, vient de publier un petit ouvrage pour éclairer le débat public avant les élections.
Il définit la convivance comme :
L’art de s’opposer sans se massacrer.
Son livre s’appelle Si j’étais candidat… et ne coûte que 3,50€.
Travail
Un article dans Philonomist présente Travailler moins pour vivre mieux, un livre dont le titre résonne comme l’une de ces bonnes résolutions qu’on aime adopter en début d’année.
Sa jeune autrice, Céline Marty, entend « discuter de la place du travail dans nos vies » : en s’inspirant des analyses du philosophe André Gorz, penseur de l’écologie politique et de la décroissance.
Au sein du collectif Agile Radical nous avons eu d’intéressants échanges sur la notion de travail.
David Graeber a permis de redéfinir une catégorie des emplois sous la dénomination de bullshit job.
Le travail de la sociologue Marie-Anne Dujarier vient compléter celui de David Graeber en contraste, c’est-à-dire en posant la question :
Qu’appelle-t-on travail dans la société ?
Lorsque vous cultivez votre potager, est-ce du travail ? Lorsque vous participez à l’éducation de vos petits-enfants est-ce un travail ?
Bien d’autres questionnements s’ouvrent si vous regardez ces interrogations par le prisme de l’utilité. Pour en savoir plus, nous vous invitons à écouter l’interview de Marie-Anne Dujarier.
Progrès
C’est une série fiction en seulement 3 épisodes sur l’attirance irrésistible de l’Homme pour le progrès. Trois épisodes c’est court comparé à la plupart des séries à rallonge. Sans fioriture, elle file la métaphore de la corde pour donner le temps de réfléchir sur le progrès et le sens de la vie.
Profitons-en pour citer quelques expressions utiles en rétrospective d’équipe ou ailleurs:
Tirer sur la corde
Avoir plusieurs cordes à son arc
Être sur la corde raide
Faire jouer la corde sensible
Premier et dernier de cordée
Pour terminer, deux des nombreux tweets d’Edgar Morin de ce mois de janvier 2022 (toute relation avec l’agilité n’est que fortuite et à débattre):
Ce qu’on appelle devenir, progrès, développement est le déferlement d’un processus exponentiel non contrôlé
Qui peut, doit, contrôler les contrôleurs, sinon les contrôlés ?