Technologies partout, Démocratie nulle part
Dernière modification : 24 juin 2024
Notre dernière lecture du Klub était :
Comme son titre l’indique, le livre traite des rapports entre les technologies et la démocratie en questionnant la façon dont se dessine et se décide l’évolution technologique.
Pour des participant·es du klub de lecture, ce livre a été une révélation sur ces questions. Il leur a ouvert l’esprit en remettant en question leur perception des technologies.
Voici le dessin réalisé par Sébastien en séance :
Résumé
Les auteurs démontrent clairement la place croissante des technologies dans nos sociétés, dans nos modes de vie, depuis la révolution de l’ère industrielle et plus encore avec la révolution numérique. Mais surtout ils révèlent les mécanismes de cette évolution, les jeux de pouvoirs entre acteurs, industriels, politiques, et comment des décisions peuvent être prises au détriment de la transparence, de la consultation citoyenne, et même d’objectifs de développement durables signés aux yeux du monde, et bafoués au nom d’une certaine idée de la croissance économique.
Plusieurs glissements de langage sont révélateurs de cette emprise technologique : s’opérant notamment sur les termes de technique, technologie, progrès technologique et innovation mais également, du droit à la liberté par le droit à la sécurité, un non sens juridique.
Parmi les exemples mettant en évidence ce qui se joue de plus ou moins souhaité et souhaitable, ils citent quelques succès démocratiques comme à Toronto ou Barcelone, face à des lobbies technologiques qui proposent comme modèle de ville idéale du XXIème siècle, la ville digitale sur-équipée en télé-surveillance et reconnaissance faciale…
Qu’en retirer ?
Ce livre, paru à l’automne 2020, tombe au bon moment, où se discute en France en ce moment la loi sur le renforcement de la sécurité, où l’on nous impose la 5G, et que dans le monde, la pandémie a renforcé la puissance des GAFAM et autres sociétés du numérique.
A l’issue de cette démonstration claire, accessible, le dernier chapitre invite le lecteur maintenant convaincu à l’action. Au delà de continuer à s’informer, les auteurs appellent à engager son corps dans l’espace public pour peser dans les débats et décisions politiques, et pousser au rééquilibrage des forces pour une société réellement démocratique.
Quelques concepts utiles que nous essaierons d’exploiter :
- définir ses propres lignes rouges à ne pas franchir (sans attendre des obligations/contrôles extérieurs)
- le tableau des critères de choix technologiques de Richard Sclove.
Voici la retranscription exacte des critères tirée du livre :
Système provisoire de critères de conception pour des technologies démocratiques
Pour une communauté démocratique
-
Recherche d’un équilibre entre technologies communautaires/coopératives, individualisées et transcommunautaires.
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Eviter des technologies qui génèrent des relations sociales autoritaires.
Pour la démocratie au travail
-
Recherche d’un ensemble diversifié de pratiques technologiques facilement adaptables et permettant de se former.
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Eviter les pratiques technologiques dépourvues d’intérêt, débilitantes ou aliénant l’autonomie d’une façon ou d’une autre.
Pour une politique démocratique
-
Eviter les technologies favorisant la distorsion ou l’appauvrissement des convictions idéologiques.
-
Recherche de technologies susceptibles de permettre aux individus et aux groupes défavorisés une pleine participation à la vie sociale, économique et politique.
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Eviter les politiques favorisant les relations de pouvoir traduisant des hiérarchies illégitimes entre groupes, organisations ou formations politiques.
Pour une gouvernance autodémocratique
-
Contenir les effets négatifs potentiels (par exemple les nuisances environnementales ou sociales) à l’intérieur des limites des juridictions politiques locales.
-
Recherche d’une autosuffisance locale relative.
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Recherche de technologies (en particulier d’une architecture de l’espace public) compatibles avec une décentralisation et une fédération politiques égalitaires, s’intégrant dans une démarche globale
Pour des structures sociales démocratiques durables
-
Recherche de la soutenabilité écologique
-
Recherche de la flexibilité technologique et du pluralisme technologique global
(Réf. Richard Sclove, Choix technologiques, choix de société)
Lien avec le manifeste agile radical
Comme il est mentionné dans le livre, ces critères sont bien plus denses que la plupart des chartes des entreprises limitées à des mots concepts tels la transparence, le respect, …sans que l’on sache précisément quels comportements favoriser ou empêcher.
Il convient donc de créer un espace de discussion pour redéfinir les chartes existantes et les rapprocher d’une réalité concrète, de façon pragmatique.
Cette démarche fait sens pour le Manifeste agile radical, qui étend les valeurs, mais ne précise en rien de nouveaux principes.
Interrogation sur les valeurs
- démocratie, auto-gouvernance > Valeur sociale et auto-organisation
- soutenabilité écologique > Valeur écologique - sobriété numérique ( IT for Green et GreenIT)
Interrogation sur les logiques de pouvoir
- autosuffisance locale relative > Valeur d’équipe suffisamment autonome dans le choix de ses outils et sa façon d’apprendre et de faire